Heimat
Steve s’arrête dans ce qu’il pensait être une gargote de bord d’autoroute, quand il entre des lampes à fil tungstène et des têtes d’animaux morts ornent les murs, on lui demande s’il veut la carte, potage à l’[ alfalfa ]en entrée, [ padtaj ]aux [ pikijos ]en plat principal et crumble à la [ maʀa ]des bois en dessert, ok ok, je vais prendre tout ça, il est en forme Steve, il est en super forme, pour un brunch du mardi matin il est motivé, un mardi matin avec Patrick Cohen sur une route qu’il ne connaît pas en direction de son heimat ça creuse. « Il faut payer tout de suite c’est la fin de mon service », lui dit le serveur à barbe et montures de hispter en lui tenant le terminal de [ mikʀopԑmã̃ ].Steve jette un billet sur la table. Il est comme ça Steve, il ne prend pas la monnaie, il est déjà de retour dans sa Clio quand il voit clignoter dans une fenêtre des lumières indéfinissables, rouges, violettes, roses, blanches, les taches sont floues et il se rend compte qu’il a toujours de la buée dans ses lunettes. Il le retire et les nettoie avec le coin de sa chemise qu’il sort de sous sa doudoune. Il distingue un sapin de Noël encore allumé alors que nous sommes en janvier. Longtemps Steve regarde le sapin qui se confond avec le sapin parfumé accroché à son rétro, il éteint le moteur.